Ce numéro propose de s'intéresser aux pratiques de frontière - en distinguant passages, parcours et relations sociales - que celles-ci soient institutionnalisées ou non :frontières des Etats comme frontières d'espaces culturels et sociaux définis et délimités par différentes modalités d'organisations...
Le 28 janvier 2008, 103 Mauritaniens ont été rapatriés dans leurs villages d'origine, après 19 ans d'exil et de silence autour de leur existence, installés au Sénégal et au Mali depuis 1989.
La trentaine d'Etats africains, dont la Mauritanie, le Sénégal et le Mali, ont ainsi donné leur aval à la politique européenne de migration pour endiguer, réduire voire stopper les flux migratoires en direction de l'Europe qui en fait les gardiens de l'Europe en échange d'une aide au développement. De ce fait, de nombreux migrants, internationaux comme saisonniers sont refoulés non pas forcément vers leur lieu d'origine mais de facto vers leur lieu de provenance qui est, dans l'espace qui nous concerne ici, la Mauritanie, pays sahélien qui fait dorénavant partie de la nouvelle ceinture des pays de transit.
Même si de nombreux travaux ont déjà mis en évidence l'existence d'une relation entre mobilité et sida, les mécanismes complexes sous-jacents à cette relation demeurent aujourd'hui mal connus. L'étude présentée ici s'appuie sur une enquête réalisée en 2000 dans la vallée du fleuve Sénégal; elle examine explicitement le lien entre migration et comportement sexuel à risque en milieu de retour (risque de diffusion) en utilisant un cadre conceptuel qui tient compte : de divers types de mobilité, de contextes sociaux différents et des non-migrants. Le niveau macro-social est représenté par le choix de deux zones de la vallée du fleuve Sénégal fortement contrastées sur les plans de la mobilité et des contextes socio-économiques. (Résumé de la revue)
Entre 1880 et 1920, les ordres musulmans soufis devinrent les piliers des régimes coloniaux et des économies du Sénégal et de la Mauritanie. Cette étude analyse comment les chefs de ces ordres négocièrent leurs relations avec le pouvoir colonial de l'Afrique occidentale française afin de préserver leur autonomie dans le domaine religieux, social et économique, tout en abandonnant la sphère politique à leurs maitres non musulmans.
Si les discours savants, dans le cadre des études africanistes, soulignent nettement l'idéologie raciste des colonisateurs européens vis-à-vis des peuples africains, le fait que certains peuples aient adopté les mêmes idéologies est passé sous silence. L'auteur avance l'hypothèse que la Négritude est une forme de racisme différencialiste, héritée de la colonisation française, et complètement étrangère aux idéologies de l'altérité sociale et des conceptions de l'autre chez les peuples africains.
Trois dissidents -une tunisienne, un mauritanien, un chinois- témoignent de l'usage qu'ils font d'internet dans leur lutte contre les régimes autoritaires et contre la répression : internet leur offre une tribune, une multitutde de contacts tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des frontières, rompt leur isolement. Les soutiens reçus par courrier électronique sont également des moyens de pression sur leurs gouvernements. Mais, en Tunisie en tous cas, les deux seuls fournisseurs d'accès sont entre les les mains de proches du Président, qui peuvent effectuer des contrôles ou des censures à tout moment.
L'objectif de l'ouvrage est de dresser un premier état des lieux de la situation historique et contemporaine des groupes serviles au Sahara à partir du cas de la société arabophone de Mauritanie. L'ensemble des contributions remet en cause un certain nombre d'idées et d'analyses conventionnelles sur la question, en particulier celles qui considèrent que les hiérarchies et les statuts "serviles" seraient fixes et rigides, associés à un phénotype, et se reproduisant depuis des siècles ad vitam aeternam. C'est une réalité bien distincte qui est ici mise au jour, faite de fluidité, de changement, de mobilité forte et d'un grand métissage culturel et social entre les groupes "libres" et "serviles".
L'ouvrage fait référence à tous ceux qui fuient une situation de crise extrême sur le plan politique, religieux, foncier, environnemental ou qui subissent un déplacement contraint du fait de politiques migratoires voulues par l'aménagement du territoire. Par mobilité sous contrainte, il faut entendre les mouvements collectifs, massifs, imposés parfois de manière brutale, tous induits par des forces d'expulsion vers un ailleurs qui n'a pas été souhaité. La diversité des cas analysés dans ce texte rend compte de la notion de réfugié et de déplacé dans le sens de leur définition première ainsi que de celle, plus restrictive, des organismes onusiens. La première partie de l'ouvrage tente de poser les jalons d'une classification entre déplacés, réfugiés, migrants économiques, demandeurs d'asile et exilés. Comment intervenir face à des situations si différentes ? La deuxième partie rassemble six études de cas, dont quatre en Afrique et deux en Asie du Sud-Est. Dans la troisième et dernière partie du livre les auteurs s'interrogent sur le rôle des sciences sociales à propos des connaissances qu'il faudrait acquérir afin d'accueillir au mieux les réfugiés.
Les pratiques sociales dominantes, souvent qualifiées d'esclavagistes, relèvent-elles véritablement de ce mode de production ou ne constituent-elles que des séquelles encore vivaces et douloureuses, mais remplissant en réalité d'autres finalités sociales que celles que pourraient suggérer leur apparence ou leur dénomination courante
L'article aborde les causes du déplacement forcé des populations mauritaniennes expulsées ou réfugiées au Sénégal à la suite des événements de 1989. L'auteur décrit le contexte de l'aménagement de la vallée du fleuve Sénégal, notamment les transformations engendrées par la sécheresse, l'introduction de l'irrigation et l'application de nouvelles lois foncières. Ces bouleversements en cours conduisent à un double questionnement : à partir d'une approche historique, se pose le problème de la frontière comme ligne de démarcation telle qu'elle est conçue par les Etats riverains ; l'aggravation des conflits interethniques - qui ont tendance à occulter les relations de complémentarité existant entre groupes théoriquement opposés à l'échelle nationale.